Edward Saïd et le génocide littéraire de l’orientalisme

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L-KAFIR


Commentaire
Edward Saïd et le génocide littéraire de l’orientalisme

20 Janvier 2008 par Helios d'Alexandrie

Mots clés:

 

«L'objectif d'Edward Saïd était de discréditer l'orientalisme. Sa thèse relève du délire organisé, elle stigmatise sans nuances ni distinction les orientalistes en les accusant de colonialisme et d'ethnocentrisme. Cette entreprise de «décolonisation culturelle» a trouvé des échos favorables en occident, le masochisme intellectuel des élites a prêté main-forte à Saïd. Defending the West d'Ibn Warraq brise le tabou qui empêche d’accéder à l'œuvre magistrale des orientalistes. Les facteurs psycho-sociaux qui ont incité Edward Saïd à entreprendre son œuvre de démolition sont aussi analysés.» –


Voir aussi: Ibn Warraq défend l’Occident, critique Edward Saïd et l’islam

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Edward Saïd et le génocide littéraire de l’orientalisme, par Helios d'Alexandrie

 

En dénonçant l’influence pernicieuse des œuvres d’Edward Saïd dont Orientalisme Culture et Impérialisme, Ibn Warraq dans Defending the West se donne pour objectif de rétablir les faits, rendre à l'orientalisme ses lettres de noblesse et ainsi légitimer l'étude critique de l'islam et des sociétés islamiques. La thèse d'Edward Saïd à bien des égards relève du délire organisé. Elle stipule que toute œuvre orientaliste procède de l'esprit impérialiste de son auteur, partant le contenu de l'oeuvre ne peut être apprécié à son mérite et toute conclusion qui s'y rattache doit forcément être repoussée.


 

L'objectif de Saïd était donc de discréditer à la base même la démarche de l'orientaliste, lui ôter toute légitimité et toute valeur. Ainsi il devenait possible d'utiliser l'adjectif orientaliste pour dénigrer toute œuvre traitant de l'orient dont on n'approuve pas le contenu sans se donner la peine d'en faire une critique objective et méthodique. L'adjectif orientaliste est devenu par conséquent une «étoile jaune» qu'un nombre considérable d'ouvrages se sont vus attribuer en attendant la «solution finale», soit le «génocide littéraire et artistique» de l'orientalisme en tant que discipline.


 

Si le milieu académique n'avait été aussi gangrené par la haine de soi, il n'aurait pas réservé à Saïd un accueil aussi révérencieux. On pourrait même dire que Saïd lui-même n'aurait pas écrit comme il l'a fait. Entre un auteur et son public il existe souvent une forme de connivence, d'une certaine façon l'oeuvre de Saïd était déjà assimilée avant même sa rédaction.

 

Les orientalistes sont à la culture arabo-musulmane ce que les égyptologues sont à la civilisation pharaonique. Sans Champollion, Maspero, Petrie, Mariette, Lepsius, Carter, Montet et bien d'autres après eux, que saurions-nous de l'Égypte des pharaons et de son prodigieux héritage. Sans les orientalistes qui nous ont rendu la culture arabe et donné les principales études scientifiques sur l'islam, nos connaissances auraient été bien pauvres.

 

Une différence doit être faite entre la moisson de connaissances objectives que ces spécialistes ont récoltée et l'interprétation des données qui, elle, peut varier selon les personnes et les époques. L'erreur (intentionnelle) consiste à ignorer l'apport scientifique colossal des orientalistes et à stigmatiser sans nuances ni distinction leurs opinions en les accusant de colonialisme et d'ethnocentrisme.


 

Au Moyen-Orient, jusque dans les années 50 et 60, nul ne contestait l'apport des orientalistes. Leur contribution à faire revivre la culture arabe était unanimement saluée, cependant, pour des raisons évidentes, l'étude scientifique des textes fondateurs de l'islam qu'ils ont initiée et poursuivie ne rencontrait pas autant d'enthousiasme. Appliquer sur le coran les mêmes méthodes scientifiques utilisées pour la bible insécurisait les musulmans et les mettait en colère. On ne touche pas à la parole d'Allah, le coran est incréé, tout ce qui tend à suggérer autre chose ne peut venir que d'une volonté arrêtée de mettre en doute sa véracité. Autrement dit toute étude scientifique du coran est par principe une œuvre de démolition.


 

Avec Edward Saïd, cette façon de voir les choses s'est étendue à l'ensemble de l'œuvre des orientalistes. Il est intéressant de noter le parcours un peu particulier du personnage. Palestinien chrétien, immigrant aux États-Unis, il devait normalement présenter tous les signes d'une identité composite et un attachement à sa double culture. Dans les faits, il s'est montré incapable de s'élever au-dessus du double complexe d'infériorité qui affecte certains chrétiens d'Orient; sentiment d'infériorité mêlé de crainte découlant de sa condition de chrétien minoritaire en terre d'islam, et sentiment d'infériorité mêlé de ressentiment à l'égard de l'Occident chrétien perçu comme triomphant et dominateur.


 

De la même façon que certains juifs d'Allemagne se sont montrés plus nationalistes que les Allemands au dix-neuvième siècle, et que certains coptes ont été plus indépendantistes et anti-anglais que les Égyptiens musulmans, certains chrétiens d'Orient tel Michel Aflaq, père spirituel du mouvement Baath, se sont montrés plus arabes que leurs compatriotes musulmans et ont fait la promotion du nationalisme panarabe. Le dénominateur commun de tout ce beau monde était la volonté de mettre l'appartenance nationale au-dessus de l'appartenance ethnique ou religieuse, une façon comme une autre de surmonter le statut de minoritaire et accéder à l'égalité. Pour Edward Saïd, il s'agissait de faire la preuve de sa contribution à anéantir les colonisateurs occidentaux, plus particulièrement les «colonisateurs culturels» incarnés par les orientalistes, afin d'accéder, en tant que minoritaire chrétien, à la reconnaissance des musulmans et au statut d'égal que son origine religieuse lui interdisait.


 

Cette œuvre de «décolonisation culturelle» a trouvé des échos favorables en Occident. Le masochisme intellectuel des élites a prêté main-forte à Saïd. Le fouettard et les adeptes de l'autoflagellation se sont bien entendus, qui pour accuser qui pour faire mea culpa; tout le monde y trouvait son compte, tout le monde hormis la science et les arabo-musulmans à qui on a occulté l'oeuvre des orientalistes pour mieux les maintenir dans l'ignorance et l'arriération.

 

Et c'est ainsi que le triomphe d'Edward Saïd n'est autre chose que le triomphe de la bêtise et du règlement de compte culturel. Comme pour lui montrer à quel point il a fait fausse route, ses coreligionnaires palestiniens quittent par milliers la Palestine et se réfugient en Occident, victimes de l'islamisme anti-chrétien qu'Edward Saïd croyait pouvoir apprivoiser en dénigrant ceux qui ont fait revivre l'héritage culturel de la civilisation musulmane du moyen-âge.

 

Defending the West d'Ibn Warraq a pour but de démontrer, entre autres, que le bébé a été jeté avec l'eau du bain. Il ne s'agit pas tant de réhabiliter l'oeuvre des orientalistes mise à l'index des bien-pensants que de briser le tabou qui empêche les gens de puiser à cette source inépuisable de savoir humain. Ibn Warraq, grâce à son érudition et à sa rigueur, nous permet encore une fois de nous libérer de l'emprise des imbéciles.


 

par Helios d’Alexandrie

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